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Banque et transition écologique : l’immobilier dans l’ancien

Quelle est la place de la banque dans la transition écologique concernant l’immobilier résidentiel dans l’ancien ? Quel est le rôle du management pour embarquer les collaborateurs dans cette transition et la promouvoir auprès de nos clients ?

Un constat alarmant

Le dernier rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat est sans appel. La hausse de la température s’est encore accentuée, à cause des activités humaines. La dernière décennie est la plus chaude jamais connue. En 2021, la hausse moyenne des températures a été de +1,09°C par rapport à l’ère préindustrielle. Les différents scénarios montrent que d’ici 2030, le réchauffement global atteindra 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, quels que soient les efforts fournis. Face à ce constat, une transformation systémique est vitale. Il est essentiel que tous les secteurs participent, et notamment celui du bâtiment.
 

Une réglementation qui s’intensifie

La prise de conscience au niveau international de la nécessité de protéger l’environnement et de lutter contre le changement climatique est récente, dans les années 1970. La création du GIEC en 1988 permet à la communauté internationale de s’appuyer sur des rapports concrets, établis par des experts, pour aiguiller leurs décisions politiques et les justifier. Un accord historique est signé en 2015 à la COP21 de Paris. C’est une étape majeure franchie, avec la signature de 196 états. L’objectif de cet accord est de contenir la hausse de la température moyenne de la planète en dessous de 2°C, voire 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. C’est un traité international juridiquement contraignant.

Une adaptation est ensuite faite au niveau européen. L’objectif de l’Europe est clair : devenir le premier continent à atteindre la neutralité carbone. Pour cela, les citoyens européens bénéficient des normes environnementales parmi les plus strictes à l’échelle mondiale. Pour cela, elle a présenté le pacte vert pour l’Europe (Green Deal) dont l’engagement est d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Il s’agit d’une obligation contraignante par la loi européenne sur le climat, votée le 24 juin 2021.

La France fait partie des acteurs majeurs de l’Union européenne, et œuvre afin que les engagements pris soient forts. La dernière loi votée est la loi climat et résilience, promulguée le 24 août 2021. C’est une loi qui met l’écologie au cœur des priorités dans notre société. La transition écologique doit s’accélérer dans tous les domaines du quotidien, afin d’atteindre une société neutre en carbone, plus résiliente, plus solidaire et plus juste.

L’impact significatif des banques

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Les banques ont un impact très important sur le climat. Leur empreinte carbone représente près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière. Leurs choix d’investissements et de financements ont un impact fort sur les émissions de gaz à effet de serre. Les choix d’investissements et de financements des banques sont donc essentiels pour accompagner la transition écologique. Les banques françaises se sont engagées publiquement à être alignées avec l’accord de Paris, à la suite de la COP21. Aujourd’hui, les banques sont encore engagées dans l’investissement d’industries polluantes qui dépendent des énergies fossiles. Il n’est bien entendu pas envisageable d’arrêter ces investissements du jour au lendemain : il faut mettre en œuvre une transition, avec des engagements forts à tenir. Un arrêt immédiat de ces investissements entraînerait des conséquences sur les emplois et les usages.

Les enjeux importants pour les banques

La transition écologique est un risque climatique, mais aussi un risque financier. La banque centrale européenne s’est emparée du sujet, ce qui en montre l’importance. Le 22 septembre 2021, les résultats de stress tests climatiques ont été publiés pour la première fois, avec différents scénarios permettant de mesurer l’impact du changement climatique sur l’économie européenne. De nouveaux résultats ont été publiés le 8 juillet 2022, les conclusions sont les suivantes :

  • 60% des banques n’ont pas encore mis en place de dispositif de tests de résistance climatique
  • La plupart des établissements n’intègrent pas les risques climatiques à leurs modèles de risque de crédit
  • 20% des banques tiennent compte des risques climatiques lors de l’octroi de prêts
  • Deux tiers des revenus des banques sont tirés de secteurs à fortes émissions de gaz à effet de serre
     
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Le coût économique de l’inaction est important. Le PIB de l’Union Européenne pourrait diminuer de 10% d’ici 2100 si nous continuons ainsi. On aurait alors une explosion des défauts sur les prêts accordés aux projets les plus exposés au risque climatique. Il faut alors prendre en compte dans les différents modèles ces impacts importants, cela pourrait entrainer une crise bancaire conséquente. Le 2 novembre 2022, la BCE a mis en demeure les banques, afin qu’elles intègrent les risques du changement climatique dans leurs activités d’ici fin 2024.

Sensibilité des collaborateurs à la transition écologique

Une étude a été faite auprès de collaborateurs d’une structure d’octroi de prêts immobiliers, afin de mesurer leur sensibilité à la transition écologique, leurs attentes et leurs idées pour renforcer cette sensibilité. Il en ressort que la majorité des collaborateurs se sent suffisamment informée par l’entreprise pour bien comprendre les enjeux de la transition écologique. Ils sont 37% à indiquer que le niveau de formation est insuffisant, et souhaitent des formats ludiques, pour apprendre en s’amusant, plutôt que des e-learning à distance. 83% d’entre eux déclarent être sensibles voire très sensibles à la transition écologique. Ils indiquent également qu’ils pourraient faire plus d’efforts, et attendent de leur entreprise d’être exemplaire.

Renforcer l’engagement des collaborateurs

Afin de renforcer l’engagement des collaborateurs, plusieurs solutions à travers la formation, des événements ponctuels et des animations :

  • Meilleure insertion des nouveaux produits et services, en expliquant le contexte et les enjeux de cette nouvelle offre, afin de donner du sens aux collaborateurs. Il doit être convaincu pour être convainquant, avoir la posture adéquate pour sensibiliser à son tour les clients
  • Avoir 100% de nos collaborateurs qui participent à un atelier de la fresque du climat, mobilisant ainsi l’intelligence collective pour sensibiliser davantage les participants aux changements climatiques
  • Organiser des échanges ponctuels entre collaborateurs pour parler de leurs initiatives, les valoriser, et mobiliser
  • o Faire des animations sur de courtes périodes pour créer le débat entre les équipes, et parler d’écologie régulièrement, comme le jeu Carbonic (Eclap éditions) qui permet d’apprendre en s’amusant, à l’appui de données issues des rapports du GIEC

Aller plus vite, plus loin

L’étude réalisée nous montre que les collaborateurs veulent aller plus vite et plus loin : ils ont besoin d’être accompagnés sur le sujet de la transition écologique, à la fois par leur entreprise mais aussi par leur manager. Ce dernier joue un rôle déterminant dans l’acculturation des équipes, et notamment en véhiculant et en donnant du sens aux messages de l’entreprise. Il s’agit là d’une nouvelle mission pour le manager, permettant ainsi d’embarquer les équipes pour atteindre le plan stratégique de l’entreprise, et participer à l’atteinte des objectifs permettant de sauver la planète.

  
Aurélien BlondiauxAurélien Blondiaux,
Mastère Spécialisé Sénior Management Bancaire,
Promotion 2022/2023,
Ecole supérieure de la banque,
ESSEC Business School